Le défi des données sur la sécurité routière en Afrique
La situation préoccupante de la sécurité routière en Afrique ne peut pas évoluer favorablement en l’absence de données pertinentes et précises sur le sujet, qui permettent de définir et mettre en œuvre des politiques appropriées. Mais en Afrique, le recueil d’information sur les accidents de la route est confronté à de nombreuses difficultés.
En ce qui concerne la mortalité, il existe d’importants écarts entre les chiffres officiels émanant des autorités nationales et les estimations faites par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il n’existe que peu ou pas d’informations sur les indicateurs de performance en matière de sécurité routière. Aussi, en l’absence de coordination pour définir la qualité et la quantité des variables collectées, les comparaisons d’un pays à l’autre de la région sont difficiles, voire impossibles. Tout cela empêche les décideurs d’avoir une appréciation précise de la sécurité routière en Afrique.
Les estimations de l’OMS sont quatre fois supérieures
23 pays d’Afrique
Moins de 50 % des pays d’Afrique
L’action de l’Union africaine
L’Observatoire africain de la sécurité routière (ARSO) a vu le jour en 2018, sous les auspices de l’Union africaine (UA) et conformément à la Charte africaine sur la sécurité routière. L’ARSO s’emploie à harmoniser les indicateurs de la sécurité routière des pays du continent, dans le but de constituer un corpus de données solides pour assurer le suivi de la sécurité routière en Afrique et améliorer la prise de décisions.
Conçu comme un outil pour faciliter la création d’observatoires nationaux, l’ARSO réunit des représentants officiels et des experts de la sécurité routière dans les secteurs du transport et de la santé dans le but de définir des enjeux clés de gouvernance et des axes prioritaires pour l’amélioration des données, mais également de favoriser l’échange de connaissances et de meilleures pratiques et de déployer à plus grande échelle les politiques efficaces.
En regroupant les initiatives de collecte, analyse et partage systématiques de données fiables sur les accidents de la route, l’ARSO appuiera les efforts des gouvernements africains pour réduire la mortalité routière.
Depuis sa création, l’Observatoire a bénéficié du soutien de la Banque mondiale, du Programme de politiques sur le transport en Afrique subsaharienne (SSATP), de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA) et du Fonds mondial pour la sécurité routière (le GRSF, financé par UKAid et la Fondation Total), mais également d’une étroite collaboration avec la Fédération internationale de l’automobile (FIA), le Forum international des transports (ITF) et la Banque africaine de développement (BAD).
Vers une plus grande sécurité routière en Afrique
Un comité de pilotage de la transition, composé des pays membres de l’ARSO et de ses partenaires, supervise actuellement la mise en œuvre du programme de travail de l’Observatoire pour la période 2019-21, qui s’articule autour de six axes prioritaires :
- développer un réseau de leaders de la sécurité routière en Afrique, y compris d’experts en statistiques et en politiques publiques ;
- améliorer les outils et les méthodes de collecte des informations sur les accidents de la route, notamment les décès, et d’autres données relatives à la sécurité routière;
- assurer un suivi des indicateurs de performance intermédiaires ;
- élaborer, actualiser et maintenir le système de base de données de l’ARSO ;
- mener des recherches sur les coûts et les conséquences des accidents de la route ;
- publier et diffuser des rapports sur la sécurité routière.
À ce jour, les pays membres de l’ARSO se sont accordés sur un cadre harmonisé de recueil de données et des indicateurs minimaux à suivre, y compris des données de population. La première assemblée générale de l’Observatoire s’étant tenue à Durban (Afrique du Sud) les 27 et 28 juin 2019, le premier rapport régional de l’ARSO devrait être publié d’ici la fin de l’année calendaire 2020.
Publication phare
Guide for Road Safety Opportunities and Challenges: Low- and Middle-income Country Profiles (en anglais). Ce rapport dresse un bilan précis de l’ampleur et de la complexité des enjeux liés à la sécurité routière dans les pays à revenu faible et intermédiaire et permet aux décideurs de mieux comprendre le cadre pour la sécurité routière en lien avec leurs systèmes nationaux et leurs performances. Il permet également de mettre en évidence l’intérêt vital et la rentabilité des investissements dans la sécurité routière.