Une condition préalable à une croissance économique durable et à la prospérité (COMMUNIQUÉ DE PRESSE)
DAKAR, le 10 décembre 2013– Alors que les économies africaines continuent de croître et de se développer, le secteur des transports est essentiel pour la promotion d'un programme de développement socio-économique axé sur les personnes. La planification de systèmes de transport abordables, sûrs et propres est une façon intelligente et efficace du point de vue des coûts de répondre aux besoins des populations et d’atténuer l'impact de l'urbanisation rapide en Afrique.
«L’évolution actuelle du transport ne peut se poursuivre sans les changements qui s’imposent, car elle constitue une menace pour les sociétés et pour le développement durable», explique Jean Noel Guillossou, responsable du Programme de politiques de transport en Afrique (SSATP) qui, avec la collaboration du Gouvernement du Sénégal, organise le premier Forum continental sur les politiques de transport à Dakar cette semaine.
«Les tendances du transport sont pour le moment encore trop axées sur l'utilisation de la voiture individuelle» explique encore Guillossou. «A l’heure actuelle, beaucoup de villes africaines s’étendent de plus en plus sans un plan approprié de développement du transport urbain. Le résultat, c'est que l'accent n’est pas suffisamment mis sur les transports en commun, sur l’étalement des bidonvilles, un afflux massif de voitures importées sur des infrastructures insuffisantes et déficientes, une congestion paralysante, une pollution généralisée, des taux élevés d'accidents de voiture et de décès, et moins de sécurité routière pour les piétons».
L'Organisation mondiale de la santé estime que chaque jour, plus de 3 500 personnes sont tuées sur la route chaque année. La pollution atmosphérique due en grand partie aux émissions des véhicules provoque plus de 3.2 millions de décès prématurés. Alors que l’Afrique ne compte que 2 % du parc mondial de véhicules, c’est le continent qui enregistre les taux d’accidents mortels les plus élevés.
Le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé sur la sécurité routière montre que le taux de décès dus aux accidents de la route est estimé à 24,1 pour 100 000. Le nombre estimé de décès en Afrique est d'environ 200 000, un chiffre qui représente 16 % des décès dans le monde. Au Sénégal, selon les autorités quelque 350 personnes perdent la vie chaque année sur les routes et des milliers d’autres sont grièvement blessés.
"Cette situation a des conséquences psychologiques irréversibles pour les familles et représente un coût socio-économique important pour le développement du pays. Pas une famille sénégalaise n'a été touchée directement ou indirectement par ce fléau», a déclaré Aubin Sagna, Secrétaire Général du Ministère des Infrastructures, des Transports Terrestres et du Désenclavement au cours d'une réunion sur la sécurité routière co-organisée avec le SSATP la semaine dernière.
En outre, les émissions de gaz à effet de serre causées par le secteur des transports augmentent plus rapidement que dans n’importe quel autre secteur. Bien que l'Afrique ne contribue pas d’une manière importante à ces émissions par rapport à d'autres régions du monde, son taux élevé d'urbanisation, la quantité de voitures importées chaque année, et des normes insuffisamment contraignantes pour des émissions de véhicules à un niveau acceptable, sont les facteurs d’une tendance inquiétante.
Ce scénario négatif peut toutefois être inversé et l’occasion pour l'Afrique de le faire se présente maintenant.
« Le secteur des transports peut jouer un rôle important dans la réalisation d’un développement durable», explique Marc Juhel, Chef de Division des Transports de la Banque mondiale". Des systèmes de transport bien conçus peuvent réduire considérablement la pauvreté et permettre de lutter contre l'exclusion sociale en assurant l'accès à l’emploi, aux biens et aux services. Des transports propres permettront d'améliorer la santé de millions de citadins et de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, tout en soutenant la croissance économique forte que l'Afrique connaît actuellement ».
Le secteur des transports fait partie intégrante des Objectifs du Millénaire pour le Développement dont beaucoup ne seront pas atteints d'ici à 2015. Sans moyens de transport adéquats, il devient difficile d’accéder aux centres de santé, aux écoles et aux marchés. « Le transport doit être reconnu comme composante essentielle à une nouvelle stratégie du développement partagé par tous et à la définition d'une nouvelle série d'objectifs pour le programme de développement de l’après 2015 » a précisé Juhel.
Le passage à une approche intégrée des transports durables suppose la mise en place de politiques robustes, le renforcement des capacités institutionnelles, la mobilisation des ressources financières et des infrastructures adaptées aux usagers. Cela signifie investir dans les systèmes de transport collectif et mettre en place des infrastructures piétonnières et cyclables sures lors de la construction ou de la réhabilitation des voies urbaines. Une attention toute particulière devrait également être accordée à l'intégration du réseau rural au réseau urbain, et à la connexion du réseau interurbain au réseau régional.
« Sur le continent, il y a quelques exemples remarquables de systèmes de transport en commun efficaces qui peuvent être adaptés et étendus à d'autres villes», dit Guillossou. « Le système de Bus Rapides à Lagos, Le Cap et Johannesburg sont des modèles intéressants pour l'Afrique pour les années à venir, car ils fournissent un service de qualité et accessible à des millions de citadins. »