Le défi de la connectivité en Afrique
Même si la situation s’est légèrement améliorée au cours des dix dernières années, l’Afrique reste un territoire fragmenté. Les mouvements transfrontaliers sont pénalisés par la longueur des délais et la lourdeur des procédures aux frontières, le caractère arbitraire des tarifs de transit, les restrictions de circulation et les problèmes de sécurité pour les usagers. Résultat, le transport intrarégional et international est onéreux, aléatoire et lent, ce qui rejaillit sur les échanges commerciaux. Pour les 16 pays d’Afrique enclavés, où le prix du transport représente entre 15 et 20 % du coût des importations, la situation est d’autant plus déplorable. Une baisse du prix des transports pourrait entraîner une hausse des échanges allant jusqu’à 25 %.
40 % du prix final des produits
Le commerce intra-africain ne représente que 15 % des échanges,
56 % au-dessus de la moyenne mondiale :
La réponse du SSATP
Les pays africains sont encore loin d’avoir saisi les incroyables opportunités socioéconomiques qui découleraient d’une amélioration de l’intégration économique et du renforcement des échanges transfrontaliers. Conscient qu’un système de transport efficace est l’un des leviers de l’accélération de la croissance économique et du développement, le SSATP facilite les réformes dans le domaine du commerce et du transport avec, pour objectif ultime, d’améliorer l’accès aux biens et aux services et, ce faisant, de rapprocher les communautés africaines des marchés nationaux et internationaux. En totale cohérence avec le programme d’intégration régionale de l’Union africaine, le SSATP articule son soutien autour de quatre grands axes :
- Promouvoir l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de stratégies efficaces pour le développement d’axes de transport au niveau national et régional, y compris le développement intégré des corridors et les mécanismes de suivi basé sur les performances en appui à des décisions informées.
- Renforcer les capacités institutionnelles des communautés économiques régionales, des autorités responsables des corridors et des organismes nationaux afin de garantir un dialogue inclusif autour des politiques d’intégration régionale.
- Faciliter la coopération entre institutions régionales et plaider pour des réformes à l’échelle continentale à travers le comité de coordination des transports des communautés économiques régionales (CCT-CER).
- Promouvoir des services logistiques efficaces en accompagnant les communautés économiques régionales et les pays africains lors de la mise en place de cadres juridiques et réglementaires visant à optimiser la performance des acteurs du transport et des opérateurs logistiques.
Au cœur des activités du programme, la conduite d’évaluations et d’études de cas, le renforcement des capacités en fonction des besoins des parties prenantes, la diffusion des meilleures pratiques et les actions de sensibilisation à l’application des connaissances.
Vers une Afrique intégrée
Renforcement des capacités des autorités portuaires régionales : en concertation avec leurs associations respectives de gestion portuaire, le SSATP a soutenu une quarantaine de ports en Afrique de l’Est, de l’Ouest et centrale. Son Guide pratique pour la mise en concession des terminaux à conteneurs a permis d’améliorer la compréhension, par les décideurs et les autorités portuaires, des grands enjeux de la définition et de la gestion du processus de mise en concession des terminaux à conteneurs dans le but de maximiser les retombées économiques pour les pays concernés.
Amélioration de la performance des corridors grâce aux mégadonnées : collaborant avec les institutions de gestion des corridors en Afrique orientale et australe et avec la Fédération des associations de transports routiers de l’Afrique de l’Est et australe (FESARTA), le SSATP a conçu un système de suivi des camions sur le web (TMS) afin d’analyser les temps de franchissement des frontières et les temps de parcours, à partir des données GPS tirées des systèmes de gestion des flottes et de traçabilité douanière. Aujourd’hui, le TMS intègre 42 postes-frontières et 50 itinéraires en Afrique de l’Est et australe et envisage d’étendre sa couverture.
Publication phare
Le document de travail intitulé « Le transport routier en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale » met en lumière les inefficacités du transport routier dans la région et propose un cadre analytique pour évaluer les réformes envisagées, en insistant sur l’économie politique et la faisabilité des mesures.